Déviation « Est » de Montpellier, des impacts environnementaux et économiques majeurs

Le nouveau SCOT du Pays de l’Or (voté en conseil d’agglomération le 25 juin 2019) préconise la protection de zones agricoles et notamment des zones classées ou labellisées, ce qui est le cas des « Côteaux de la Méjanelle, seuls vignobles AOP /AOC de cette intercommunalité à dominante agricole.

Dans l’enquête publique du SCOT du Pays de l’or, il y avait 5 tracés différents mis à l’étude pour la DEM (Déviation Est de Montpellier), et non pas deux comme proposés aujourd’hui.

Lors de l’élaboration du SCOT du Pays de l’OR, dans le porté à connaissance réglementaire réalisé par la DDTM 34 et adressé par Monsieur le Préfet de l’Hérault au président de Pays de l’Or Agglomération le 4 juillet 2016, on peut lire ceci :

page 166 « Le département de l’Hérault a connu en 10 ans une

hausse d’artificialisation des sols de 15 %, un des taux les plus élevés de France. Cela représente 10 300 ha principalement concentrés dans la zone littorale. Cette consommation d’espaces agricoles et naturels, intensive ces dernières décennies, et à des niveaux jamais observés auparavant, conduit à des transformations rapides des paysages, des circuits de production agricoles, d’une hausse des risques d’inondations due à imperméabilisation massive des sols, de perte de biodiversité et de coupure dans les corridors de la trame verte et bleue. »

P 173 du même document « Le SCoT compte une AOP viticole : la Méjanelle (AOC Languedoc). L’aire de production concerne les communes de Mauguio et Saint-Aunès sur l’agglomération du Pays de l’Or et les communes de Montpellier et Castelnau-le-Lez sur la métropole 3M. La loi d’avenir du 13 octobre 2014 et la modification du code de l’expropriation imposent dorénavant une procédure plus contraignante pour artificialiser des zones sous signe AOP (travaux linéaires, routes, urbanisation,…) : avis de l’INAO et du Ministère de l’Agriculture, avis conforme de la CDPENAF. ».

Nous noterons que les AOP des Coteaux de la Méjanelle ont déjà été très impactés par les deux autoroutes A9 et A709 et par la ligne LGV.

Aujourd’hui  le département de l’Hérault Maître d’Oeuvre du projet, à la grande surprise générale, soumet à la concertation publique le choix entre deux tracés seulement. Deux tracés qui impactent lourdement les AOP des « Coteaux de la Méjanelle », deux tracés qui proposent un même échangeur sur l’A709, sur les vignes du château Ministre. Il est utile de rappeler ici que le Château Ministre vient de perdre 7,5 hectares avec le doublement de l’autoroute A9 alors même que cette entreprise agricole a fait de gros efforts environnementaux avec une culture en conversion biologique labellisée AB, le développement de la vente directe à la propriété et la diversification de ses activités avec notamment un restaurant à la propriété.

Plusieurs autres domaines des Coteaux de la Méjanelle ont pris de gros engagements environnementaux, au prix d’investissements et de baisses de rendements, tels que le Mas de Calage, le mas Trinquier, Domaine Décalage, qui sont eux aussi en agriculture biologique labellisée AB et impactés par le projet DEM tel que proposé par le département de l’Hérault.

Sur un plan géologique le terroir des coteaux de la Méjanelle est une particularité exceptionnelle dans cette plaine agricole, c’est le seul relief avec ses galets roulés venus du fond des âges.

Sur le plan de la biodiversité et de la qualité des paysages, les coteaux de la Méjanelle sont sur la ceinture verte de la ville de Montpellier, un site où l’on se promène, un site pour les joggeurs et les cyclistes , où l’on s’oxygène à partir de Grammont dans des circuits sur les chemins de vignes d’où l’on voit la mer au sud et le pic saint loup au Nord.

Sur un plan technique et financier, pour les deux tracés soumis à la concertation, les pré-études paraissent très floues et peu abouties :

– les surfaces qui seront prélevées à l’agriculture sont très imprécises et l’on peut affirmer que les chiffres annoncés (45 hectares environ ) sont très en deçà de la réalité car ils sont fondés uniquement sur l’emprise foncière de la voirie. Il n’est fait aucune mention des bassins de rétention, des bassins de récupération des eaux pluviales, des voies de dessertes des parcelles qui seront enclavées par la coupure, des parcelles qui seront abandonnées car enclavées ou rendues trop difficiles d’accès pour les agriculteurs…

– le prix envisagé pour l’achat des terres classées en AOP (500 000 euros annoncés) est très largement sous-évalué tant pour le simple prix au mètre carré que pour la surface de terres à acheter. La réalité sera plus proche d’une fourchette entre 1 200 000 et 1 500 000 euros. A ce prix il faudra rajouter le coût des compensations/dérogations liées à la loi de 2014 sur la protection des AOP et AOC .  On peut donc affirmer que lorsqu’il y aura enquête agricole, le budget prévisionnel du projet tel que présenté sera remis en cause et très largement revu à la hausse.

– l’emplacement de l’échangeur sur l’A709 paraît improbable. Quand on connaît la longueur des bouchons sur la sortie 29 dans le sens est-ouest, il est impossible de se dire que l’on va créer une entrée et une voie d’accélération à cet endroit où elle va s’enchevêtrer immédiatement avec le bouchon de la sortie 29.

– quel impact économique et culturel pour l’agglomération du Pays de l’Or ? L’agriculture représente un fleuron de l’économie du Pays de l’Or, 4è bassin d’emploi de l’Hérault. L’agriculture y représente 1200 emplois équivalent temps plein. Les coteaux de la Méjanelle sont un élément important de l’économie agricole du Pays de l’Or pour son activité très dynamique en plein essor, pour l’image de marque et la plus-value qu’ils apportent à tout le territoire, pour le développement de l’agri-tourisme, pour l’exemple d’une agriculture de haute qualité environnementale.

– quel impact sur notre consommation ? Artificialiser des sols productifs et rentables pour ensuite augmenter les importations de produits agricoles ?

– quel impact culturel pour ce terroir qui est une part des « Grès de Montpellier ». Que reste t il du patrimoine viticole au sud de Montpellier ? La plaine littorale a été ces dernières années entièrement artificialisée. Les grands domaines séculaires de Lattes et de Pérols ont disparu sous le béton et le bitume. Ce patrimoine qui est l’image de notre territoire est-il voué à sa totale disparition ?

Pourquoi ce projet ?

Avec des impacts aussi importants et un coût aussi élevé, sur quelles études est fondé ce projet.

Ce dossier est vieux de 25 ans et depuis cette époque beaucoup de choses ont changé  et notamment il y a eu une démultiplication des infrastructures au sud de Castelnau et du Crès, le lien avec l’A709 depuis Jacou, Clapier, et Vendargues à l’EST, la rénovation de l’échangeur 28, et malgré toutes ces infrastructures et la déviation de l’A9 la non résolution des problèmes des entrées et sorties sur l’A709 .

Prétendre vouloir faire entrer 30 000 véhicules jour sur l’A709 à cet endroit est une méconnaissance  des problèmes liés à l’échangeur 29. Quel serait ce flux, d’où viendrait-il et pour aller où ?

Est-il encore pertinent de nos jours de vouloir rajouter des périphériques aux périphériques, de vouloir investir sur de plus en plus de déplacements, de plus en plus d’automobiles ?

Est-il encore pertinent de nos jours de vouloir réduire encore la ceinture verte de Montpellier ? Jusqu’à quand, jusqu’où ? jusqu’à ce que l’on soit obligé d’y vivre avec des masques sur le nez ?

La priorité pour ne pas dire l’urgence serait de repenser radicalement les accès à l’A709 au niveau de l’échangeur 29 (Zénith). Une grande part des difficultés d’accès à l’A709 vient de cet échangeur qui n’en est pas un. Les accès à l’A709 depuis Castelnau et le Crès via les BD Philippe Lamour, Becquerel et Einstein sont à repenser et à intégrer à une rénovation de l’échangeur 29.

En conclusion :

La Fabrique Citoyenne du Pays de l’Or et ses élus sont opposés aux deux tracés soumis à la concertation de la DEM et demandent :

– des réponses à toutes les questions posées et à toutes les études manquantes

– demandent une étude précise, détaillée, et actualisée qui justifie le fondement d’un tel projet

– demandent une étude d’impact sur la fluidification de la circulation en repensant intégralement l’accès à l’A709 au niveau du Zenith en y intégrant les flux venant de Castelnau et du Crès depuis les boulevards Philippe Lamour, Bequerel et Einstein.

– demandent qu’en tout état de cause les vignobles des coteaux de la Méjanelle soient protégés par tout projet de nouveau tracé.

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