Au pays de l’Or, des alternatives à l’agriculture « conventionnelle » existent

Le bilan des systèmes de productions caractéristiques d’une agriculture chimique dite « conventionnelle » fondée sur l’utilisation intensive d’engrais chimiques et de pesticides de synthèse est lourd de conséquences dramatiques sur l’environnement et sur la santé des populations (avec une surreprésentation des maladies dans la profession agricole) :

  • Deux des trois nappes phréatiques du bassin de l’Or (aquifère karstique au nord, et aquifère des cailloutis villafranchiens au sud) sont depuis plus de 20 ans classées vulnérables à cause des pollutions diffuses d’origine agricole consécutives à l’emploi irraisonné d’engrais azotés et de produits phytosanitaires; malgré de nombreux (5) et coûteux programmes d’actions, la qualité de l’eau des nappes ne connait pas d’amélioration. Le nombre de communes touchées

(20 en 2016) est en augmentation, des ZAR « Zones d’action renforcée » correspondant aux aires d’alimentation des captages présentant une teneur en nitrates supérieure à 50 mg/l ont été délimitées : à Lansargues, pour le captage du Bourgidou, à Vauguières, pour les forages des Ecoles et de Vauguières le bas

  • l’étang de l’Or est en danger; sujet à des phénomènes d’eutrophisation liés à l’accumulation d’azote et phosphore qui ont modifié totalement l’écosystème, il est très dégradé et classé parmi les lagunes les plus dégradées de la région LR. Les apports importants dont cet étang fait l’objet depuis de nombreuses années via son bassin versant (apports agricoles et domestiques), couplé au confinement qui constitue un facteur aggravant, expliquent cet état de fait. On ne pêche pratiquement plus dans l’étang : plus de 80 pêcheurs dans les années 1970, 5/6 actuellement.
  • L’ensemble des cours d’eau du bassin de l’étang de l’Or est aussi pollué par des pesticides, en particulier des herbicides. Leur qualité se situe entre moyenne et mauvaise. La ripisylve, négligée, est souvent altérée et discontinue. L’origine de ces problèmes est principalement liée à d’anciens travaux censés viser la protection contre les crues. Or, pour la plupart d’entre eux, les curages, rectifications et autres endiguements ont pour conséquences une accélération de la vitesse de propagation des crues et une érosion accrue du lit du cours d’eau, avec une répercussion amplifiée sur les territoires situés en aval. Ils ont aussi fait disparaître de grandes surfaces de zones humides périfluviales à forte valeur faunistique et floristique. L’enjeu, aujourd’hui, est au contraire de permettre aux cours d’eau de déborder dans les zones de plaines, et de maintenir des zones humides, véritables éponges qui permettent d’absorber le « trop plein » en période de crues, et de le restituer en période de pénurie. Ces milieux, méconnus du grand public, nous rendent pourtant également d’autres grands services : ils ont un pouvoir d’épuration important, filtrent les pollutions, réduisent l’érosion, contribuent au renouvellement des nappes phréatiques, et stockent naturellement le carbone.
  • la présence dans l’air et dans les aliments de polluants extrêmement dangereux (perturbateurs endocriniens en particulier) accroit les risques sanitaires, en particulier pour les habitants proches des zones d’arboriculture et de viticulture.

Des études de santé publique présentent des preuves solides quant au lien entre ces substances et de nombreux cancers, des troubles du développement chez l’enfant, des détériorations des fonctions neurologiques, la maladie de Parkinson et l’hypersensibilité.

Aussi le maintien et le développement de cette agriculture, qui en outre:

  • voit chaque année diminuer le nombre d’exploitants agricoles ,
  • concentre de plus en plus les terres agricoles,
  • décourage les jeunes agriculteurs par l’impossibilité d’accéder au foncier et le souci de protection de l’environnement et de la qualité des aliments,
  • se fonde socialement sur une main d’oeuvre saisonnière principalement d’origine étrangère (Magreb, Amerique latine et aussi Asie) mal rémunérée, mal logée
  • entraîne des coûts de traitement (potabilisation) des eaux de plus en plus lourds, ne pourra perdurer et constituer cet atout fort pour le territoire du Pays de l’Or que le projet voudrait constituer.

Les alternatives qui permettront de réaliser l’objectif majeur de la reconquête de la qualité de l’eau quelle qu’elle soit (souterraine, superficielle, littorale) existent et participent de la liste des actions d’accompagnement préconisées par le projet.

Elles reposent essentiellement sur une rediversification des systèmes de production et le développement des labels et de la filière biologique, filière qui devra être impulsée en favorisant l’approvisionnement de produits bio et de proximité dans la restauration collective (cantines scolaires, maisons de retraite, etc…)

La présence de la Métropole de Montpellier, où une forte demande pour des produits locaux de qualité existe, ne peut que renforcer cette démarche, c’est à dire celle d’une agriculture avec moins d’intrants chimiques, moins de travail du sol, moins de pollutions des eaux POUR plus de végétal, plus de services agroécologiques grâce à des techniques de préservation des ressources naturelles. La conversion au bio est certes coûteuse (accès au foncier, rendements plus faibles les premières années, certification des produits nécessitant au moins 3 années) ; aussi le soutien à cette filière est-il primordial pour accéder à une voie vers une économie agricole plus riche en emplois, vers un environnement et une alimentation de qualité qui réconciliera la population avec son agriculture.

Elle nécessitera de mobiliser les agriculteurs autour de cet objectif, d’organiser des concertations, d’identifier des moyens, de mobiliser des financements et un accompagnement technique.

Annexes tirées de Létat des eaux des bassins Rhône-Méditerranée et Corse – 2016

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